Métamorphoses sensorielles dans l’addiction

L’article propose d’interroger l’expérience addictive à partir des enjeux de l’originaire. Dans ce sens, le lien d’addiction est appréhendé selon la bipolarité de l’objet constitué par deux facettes complémentaires et de qualités opposées : le bon et le mauvais. Le clivage fonctionnel et sensoriel opéré par l’objet traduirait une tentative de remaniement des éprouvés archaïques énigmatiques. Aussi, la logique addictive se situerait comme une tentative de transformation des impressions de sens étrangement inquiétantes. En appui sur les métamorphoses de Narcisse (Ovide) et de Grégoire (Kafka), le sens dévolu aux expériences corporelles et sensorielles est envisagé en écho des qualités de l’environnement. Il importe que celui-ci soit suffisamment réflexif, sans quoi l’activité sensorielle bascule dans l’effrayant. À ce titre, l’espace d’addiction se présente comme une expérimentation de la forme corporelle, en lieu et place d’une sensorialité non subjectivée, en manque de profondeur psychique.