Le mensonge chez l’enfant
Le mensonge est ordinaire, intrinsèque au développement. Il répond aux logiques anales et participe à la construction d’un espace subjectif propre. Il protège par ailleurs le lien. Les logiques du mensonge sont du même ordre que celles qui caractérisent la tendance antisociale chez les enfants qui « poussent à bout ». Le mensonge entretient des rapports mutuels avec l’intime et le secret. Il protège l’intimité du sujet et permet à l’enfant d’expérimenter qu’il peut produire de la pensée dans l’intimité de son être. L’intimité dans le monde interne, avec des objets internes fiables et sécures, qui permet de tolérer la solitude, se construit sur fond de mensonge, de droit au secret, mais aussi sur fond d’intimité partagée. Le mensonge est nécessaire pour fabriquer un espace intime, secret et secourable, pour développer la capacité à vivre et tolérer la solitude. Le mensonge qui perdure est une manière d’échapper au sentiment de ne pas être aimé, à la honte et l’humiliation, d’échapper de fait à une solitude absolue. Les secrets comme les mensonges se révèlent, se transmettent, en partie, à l’insu de ceux qui en sont porteurs.
Mots-clés
- mensonge
- analité
- tendance antisociale
- intimité
- secret
- solitude