Être une mère malvoyante : entre résistances des professionnels et doutes personnels

Par Hanane Boumaiza, Claire Metz
Français

Cet article révèle, dans le cas particulier d’un handicap visuel sévère de la mère, l’importance cruciale de l’environnement pour favoriser la maternalité. Winnicott (1956) souligne la nécessité d’un environnement adapté aux besoins de l’enfant. Soutenir la mère, c’est donc soutenir l’enfant. La période périnatale, déjà marquée par des remaniements psychiques importants, peut être encore plus déstabilisante pour une femme malvoyante. Dans le cas de Lucie, divers niveaux de résistances vont être à l’œuvre : celles des professionnels conjuguées aux propres résistances de Lucie quant à ses capacités maternelles, mais aussi la résistance finale de Lucie au sens de l’affirmation de soi, qui va pouvoir traverser ces doutes. Issu d’entretiens de soutien psychologique, ce cas clinique présente la situation d’une femme confrontée à deux défis : composer avec le handicap visuel, tout en surmontant le scepticisme de certains soignants. L’analyse des éléments du discours et ceux rapportés par les travailleurs sociaux intervenant auprès de Lucie, révèlent que 1) la transparence psychique réactive les traumas anciens du lien mère-fille et que 2) la méconnaissance du handicap active des biais cognitifs chez les soignants . Cette attitude aggrave l’anxiété de la mère, déjà affectée par son handicap, et par la défaillance du lien maternel archaïque.

  • handicap visuel
  • relation parent-enfant
  • attachement
  • accompagnement à la parentalité
  • transmission transgénérationnelle
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