Métamorphoses de l’objet, émergence du sujet à partir de Thomas l’Obscur
Lors de son séminaire sur « L’identification » Lacan discute des rapports entre le grand A et le petit a, qu’il cherche à définir, en s’appuyant sur une longue citation du roman Thomas l’Obscur de Maurice Blanchot. Cette fiction lui permet d’avancer que le mot lui-même est objet petit a, le mot auquel le sujet s’identifie au point de le devenir dans le récit.
Nous verrons que l’avènement du sujet, ici de Thomas, l’avènement de son je dans le récit, n’arrive à se faire que de manière toujours transitoire et au prix de la perte définitive de l’objet, figuré ici par la mort de l’aimée. Cette perte n’engendre pas un deuil, mais elle est sans cesse déchirure et sans accroche symbolique, l’insensé de la langue reprend le dessous sur le corps et le je devient impossible, insupportable, il ne peut plus parler de lui à la première personne, le je est aussitôt perdu.
Nous lisons entre les lignes dans cette fiction de Blanchot une anticipation de ces drames de la forclusion ou de l’identification projective.