Entre reconnaissance et possibilité de faire mal : l’expérience de l’altérité dans le cas d’une ancienne prisonnière politique de la dictature chilienne

Psycho-traumatismes
Par Diego Bravo, Ximena Faúndez, Evelyn Palma, Jean-Luc Brackelaire
Français

Selon une méthodologie qualitative de type biographique, l’article analyse sur le mode du cas unique le récit de vie d’une femme de 73 ans qui fut prisonnière politique et torturée lors de la dictature civile et militaire chilienne. On cherche à cerner le sens que prend l’autre comme altérité dans son expérience subjective. En premier lieu, c’est la figure de l’autre qui apparait dans le récit de prison, de torture et de violence politique. Dans ce cas, l’altérité se vit dans le passage entre des lieux de confort et d’appui, comme dans la camaraderie politique, et d’autres caractérisés par la violence et la crudité incarnés dans le rôle du tortionnaire et des forces armées. Une situation particulière se produit lorsque l’agresseur est paradoxalement perçu comme un être bon. En deuxième lieu, l’altérité se présente a posteriori, en aval de la situation de violence politique, dans la transmission de cette expérience. Elle prend forme dans le rôle du témoin, comme une expérience réparatrice associée à la reconnaissance qu’elle implique mais à la fois redoutée en raison du risque de « faire mal » au récepteur du récit. En troisième lieu, le cadre de la recherche se présente comme une instance particulière qui fait apparaître la rencontre entre le participant et un autre, chercheur, qui, à l’image de ce qui se produit dans le cas précédent, outre son rôle de chercheur, fait office de témoin.

Mots-clés

  • altérité
  • reconnaissance
  • dictature civile et militaire
  • prison politique
  • torture
  • récit de vie
  • Chili
  • transmission
  • méthode qualitative
  • témoin
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