Le génocide pensé comme passage à l’acte de nature fanatique : quelles répercussions psycho-sociales ?

Cliniques du fanatisme
Une étude de cas menée à partir de la libre réalisation de l’arbre généalogique auprès d’un survivant de la Shoah
Par Muriel Katz-Gilbert, Giuseppe Lo Piccolo, Manon Bourguignon, Giacomo Mariconda
Français

En tant que crime généalogique (Legendre, 1990. 1999), le génocide constitue un événement symbolicide majeur (Guyotat, 1985, 1995, 2005a). C’est en ce qu’il vise à éradiquer l’altérité-même des victimes qu’il peut être considéré comme étant de nature fanatique (Chouvier, 2017). L’extermination consiste par ailleurs en une profonde mise à mal du contrat narcissique primaire, secondaire et originaire (Aulagnier, 1975 ; Kaës, 2009) ce qui entraîne une catastrophe de la filiation (Waintrater, 2002) mais peut-être aussi de l’affiliation au groupe et d’identification à l’espèce humaine. Comment les victimes du crime généalogique auquel auront conduit les constructions idéologiques radicales prônées par les Nazis s’inscrivent-ils fantasmatiquement – ou non – dans leur lignée généalogique ? Nous formulons l’hypothèse que chez les survivants d’un tel crime de masse, la représentation fantasmatique de la généalogie présente des traces traumatiques relatives à la représentation de la capacité d’engendrer. L’originalité de nos travaux consiste à explorer cette hypothèse grâce à une médiation projective : la libre réalisation de l’arbre généalogique (Veuillet, 2003). Une étude de cas permet d’illustrer que les traces traumatiques concernent la fantasmatique originaire du sujet et qu’elles révèlent inconsciemment de certaines impasses identificatoires en lien avec les processus de subjectivation en jeu dans le triple contrat narcissique en question.

Mots-clés

  • genocide
  • crime généalogique
  • traumatisme
  • contrat narcissique fantasmes originaires
  • libre réalisation de l’arbre généalogique
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