L’infinité des visages de la radicalisation
Cet article vise à comprendre, à partir de deux situations cliniques singulières, les processus à l’œuvre au sein de la dynamique identitaire des personnes qualifiées par le système judiciaire de « radicalisées ». La mise en relief du récit de vie recueilli dans le cadre d’une consultation thérapeutique sous injonction judiciaire étaye l’articulation de deux hypothèses de travail.
La radicalisation islamique peut s’articuler au phénomène de disparition de soi de l’anthropologue Le Breton. Dans un état de tension interne, déséquilibrant son rapport à soi et à autrui, le sujet sommé de modifier sa dynamique identificatoire, pourra revêtir le masque social de la radicalisation islamique. Prenant appui sur la notion de la figure du surmusulman évoquée par le psychanalyste F. Benslama, le masque de la radicalisation islamique s’illustrerait par une mise en acte de comportements, que l’on peut qualifier de « surmusulmans ». Ce changement de projet identificatoire au sein du parcours de vie du sujet lui rendra la possibilité de s’envisager dans son rapport à soi et à autrui. L’auteure postule l’existence d’un processus de visagéfication à l’œuvre, étayé par ses observations cliniques.