« Groupe de guérison des blessures »

Question de traitement, traitements en questions
Une recherche avec des veuves rescapées sur les rituels de deuil et la reconstruction psychique après le génocide au Rwanda
Par Augustin Nshimiyimana, Jean-Luc Brackelaire, Eugène Rutembesa
Français

Lors d’une recherche portant sur les apports et les limites des rituels de deuil post-génocide dans la reconstruction psychique des survivants, nous avons travaillé avec un groupe de veuves rescapées qui s’est dénommé : « groupe de guérison des blessures ». Une blessure qu’elles ont tenté de traiter est celle de la disparition des leurs et leur « enterrement dans le ventre », en l’absence des corps et dans l’attente d’accomplir les rites funéraires. Leurs témoignages nous ont conduits à l’hypothèse que les rites funéraires dans le Rwanda post-génocide engagent l’essai de réparer l’espace communautaire et le lien entre les vivants et les morts, de sorte que les morts n’errent pas parmi les vivants et que les vivants ne soient pas des morts vivants. Le groupe paraît avoir joué le rôle médiateur et régulateur traditionnel du ventre (inda) pour les veuves rescapées dans leur rapport vivant et régénérant à la culture. Le travail réalisé par le groupe a ainsi contribué à ce que le mort qui avait été mis au secret en soi, « dans le ventre », en attente d’être retrouvé et reconnu, puisse être pris en charge et enterré dans la dignité.

Mots-clés

  • rituel
  • deuil
  • génocide
  • Rwanda
  • veuves
  • reconstruction
  • groupe de parole
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