Le genre à deux voix

Le genre, le sexe
Par Aurore Mairy, Martine Goffin
Français

Une jeune fille de 14 ans est convaincue depuis l’enfance d’être un garçon dans un corps sexué de fille et présente divers symptômes. Le dispositif psychothérapeutique consiste en des entretiens scindés (une thérapeute reçoit les parents, une autre reçoit la jeune). Ces trajets en parallèle se croisent lors d’entretiens familiaux. Les interactions transférentielles mobilisent différemment l’ensemble des protagonistes.
La revendication de cette jeune à être reconnue comme garçon pousse autrui dans une hésitation et un malaise croissants. Doit-on se fier à son identité sexuelle biologique ou à l’énonciation de sa vérité, celle d’une identité de genre ? Cette jeune exprime violemment une telle souffrance qu’elle ébranle tout son entourage. En tant que thérapeutes, comment et jusqu’où accueillir la revendication d’identité de genre adressée par un adolescent, pour que peut-être, au travers d’une alliance thérapeutique, puisse émerger un dire au-delà de la revendication même ? Comment soutenir que la construction identitaire est davantage l’issue d’une élaboration adolescentaire que l’énonciation d’une vérité transcendante héritée de l’enfance, quelle qu’en soit l’issue ? Que la nomination d’identité par l’autre ne dispense pas du travail d’appropriation subjective ? La question très actuelle du genre échappe-t-elle aux avatars du complexe d’Œdipe, du manque et de la castration, de la confrontation à l’altérité et à l’impossible du réel ; la question de « l’être femme » étant dans le cas présent particulièrement adressée à la mère ?
L’articulation des (contre-)transferts témoigne d’une relance possible de ces questionnements.

Mots-clés

  • identité de genre
  • castration
  • altérité
  • impossible du réel
  • articulation des (contre)-transferts
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